BILL CAIN
Ancien joueur et entraîneur français de basket-ball
Rencontre
avec
Bill
Cain,
un
des
piliers
de
l’équipe
de
basket
du
SCM
du
Mans
dans
les
années
1980,
sélectionné
63
fois
en
équipe
de
France,
marquant
754
points,
qui
a
posé
ses
sacs
de
sport
à
Montreuil-le-Chétif,
il
y
a 9 ans.
Né
en
1948
à
Mount-Pleasant
dans
l’état
de
New-York,
Bill
Cain,
2
m
04,
débute
par
l’athlétisme
en
sprint,
100
m,
200
m,
ça
m’a
beaucoup
aidé
pour
le
souffle,
et
ce
n’est
qu’à
partir
de
18
ans
qu’il
s’intéresse
au
basket.
Sorti
de
la
fac
d’Iowa
State
en
1970
avec
quelques
bonnes
références
et
la
deuxième
meilleure
moyenne
de
l’histoire
de
la
conférence,
il
poursuit
ses
études
pendant
une
année
supplémentaire
pour
obtenir
un
master
en
psychologie…
En
1971,
il
décide
de
tenter
sa
chance
en
Europe
et
signe
en
Belgique
à
Gand
où
il
ne
restera
qu’une
saison
car
repéré
par
la
Jeanne
d’Arc
de
Vichy,
il
signera
pour
trois
ans.
Il
n’y
avait
que
deux
professionnels
dans
l’équipe
et
il
terminera
à
la
2e
place
des
meilleurs
marqueurs
du
championnat
avec
28.1
points marqués par match.
Le
parcours
sportif
de
Bill
Cain
est
truffé
d’anecdotes
et
c’est
avec
une
grande joie qu’il se rappelle sa… Daurade comme prime de match !
Une daurade comme prime de match !
Quand
nous
sommes
montés
en
Nationale
1,
avec
la
J.A.Vichy,
nous
allions
jouer
en
voiture
à
l’époque,
notamment
en
Citroën
SM
Maserati,
j’adorais
cette
voiture.
Nous
partions
le
vendredi,
nous
visitions
la
région,
nous
ramenions
des
spécialités…
Ha
les
quiches
lorraines,
le
bordeaux,
les
saucisses…
Cette
fois-là,
nous
allions
affronter
Antibes,
une
des
meilleures
équipes
du
moment
et
nous
sommes
allés
dans
un
restaurant
où
nous
avions
bien
sûr
des
menus
à
part,
et
au
cours
de
ce
repas,
j’ai
découvert
pour
la
première
fois
une
daurade
que
mangeaient
des
clients…
Ça
sentait
tellement
bon,
c’était
tellement
appétissant
que
j’ai
dit,
si
on
gagne
ce
match,
je
veux
manger
une
daurade
!
Et
ce
match,
nous
l’avons
gagné,
à
Antibes,
et
le
lendemain
sur
les
journaux,
les
commentateurs
se
demandaient
ce
qu’avait
mangé ce joueur qui courait partout (moi), s’il était dopé ? J’avais gagné ma daurade ! Je me suis bien fait chambrer par mes coéquipiers !
En
1975
il
arrive
au
Mans,
devenant
une
figure
emblématique
de
la
période
de
gloire
du
club
et
naturalisé
français
après
avoir
épousé
une
Française,
il
devient
international
en
1978,
il
portera
le
maillot
tricolore
63
fois,
marquant
754
points
durant
ces
matches.
Il
devient
entraîneur-joueur
de
l’équipe
en
octobre
1982,
lors
de
l’éviction
de
Denis
Ozer.
Il
quitte
le
SCM
en
1983,
après
huit
saisons
au
Mans,
avec
lequel il a gagné trois titres de champion de France en 1978, 1979 et 1982.
À
l’époque,
j’avais
la
clé
de
la
Rotonde,
j’habitais
tout
à
côté
et
on
s’entraînait
dur,
trois
heures
le
matin
et
trois
heures
l’après-midi.
C’était
l’époque
de
Christian
Baltzer,
à
qui
l’on
disait
Monsieur,
Gasnal
père,
et
c’est
Lloyd
King,
qui
m’avait
convaincu,
après
une
longue
soirée
mémorable
chez
moi,
de
venir
jouer
au
Mans…
Bob
Purkuiser,
décédé
dans
un
accident
de
voiture,
m’a
aussi
beaucoup
marqué
!
Le
problème
à
l’époque,
c’est
que
nous
n’avions
pas
de
couverture
sociale
et
ce
n’est
que
lors
de
mon
(désastreux)
passage
à
Mulhouse
que
nous
avons
commencé
à
en
avoir…
Il
fallait
prendre
des
assurances
pour
nous
assurer,
nous
et
notre
famille
contre
les
risques
de
blessure
ou de maladie, mais j’ai perdu 11 années pour ma retraite !
Mulhouse, sur mon curriculum vitæ, je n’en parle jamais tellement ce fut catastrophique !
Qu’avez-vous fait après l’arrêt de votre carrière de basketteur ?
J’ai
travaillé
un
peu
dans
une
maison
de
parapharmacie,
à
Euro
Disney
aux
débuts,
c’était
l’époque
où
les
Japonais
arrivaient
en
France,
je
devenais
interprète,
puis
je
suis
allé
8
ans
à
Monaco
comme
éducateur
sportif
et
assistant
d’anglais
dans
une
école.
Puis
à
Sartrouville,
j’ai
passé
des
concours
pour
valider
ma
formation
universitaire
et
j’ai
eu
mon
diplôme
d’état
BE1
et
je
m’occupais
de
jeunes
basketteurs,
j’avais
une
équipe
de
bras
cassés,
à
qui
il
a
fallu
apprendre
beaucoup
de
choses
à
commencer
par
le
respect
!
Nous
avons
réussi
à
gagner
2
matches…
Des envies ? Des regrets ?
Des envies, non, des regrets oui… Pas de regrets sportifs, il faut voir les choses positives…
(Longue
réflexion,
émotion…)
Oui
des
regrets,
car
j’ai
pu
blesser
des
gens
par
mon
comportement,
par
un
certain
égoïsme,
je
le
regrette
!
Depuis
deux
ans
que
je
suis
en
retraite,
je
suis
apaisé
!
J’ai
eu
le
temps
de
réfléchir
sur
ma
vie
passée,
oui,
je
suis
apaisé
!
Ma
grande
fierté,
c’est mon fils de 26 ans, qui est dentiste à Clermont Ferrand !
Pourquoi Montreuil-le-Chétif ?
(Rires…)
Ma
femme
voulait
aller
à
Auxerre…
Moi
je
ne
voulais
pas
du
tout
aller
là-bas…
Le
jour
où
nous
aurions
dû
visiter
des
maisons,
j’ai
tout
fait
pour
ne
pas
y
aller,
je
faisais
semblant
d’avoir
des
problèmes
avec
la
voiture…
Nous
sommes
ensuite
allés
dans
le
Sud-ouest,
mais
les
maisons
étaient
trop
chères…
Je
voulais
une
maison
en
pierres,
et
je
suis
tombé
sur
celle-ci
qui
n’avait
que
2
pièces,
était
dans
un
triste
état
et
cela
fait
neuf
ans
que
je
la
restaure,
c’est
une
petite
maison
qui
me
convient
bien
!
On
m’a
regardé
avec
méfiance
au
début,
mais
moi
j’aime
bien
le
calme,
ça
m’a
donné
la
possibilité
de
réfléchir
sur
ma
vie,
d’en faire le bilan… Si je veux du bruit je vais à New York !
Prenez-vous encore soin de votre condition physique ?
Je
me
suis
remis
au
vélo
!
Cela
faisait
6
ans
que
je
n’étais
plus
monté
sur
un
vélo,
pas
facile
d’en
trouver
un
adapté
à
ma
taille,
Roger
Legeay
m’en
avait
fabriqué
un…
Après
quelques
kilomètres
j’étais
cuit
!
Je
suis
arrivé
à
Sougé-le-Ganelon,
je
suis
resté
assis
un
long
moment,
les
gens
se
demandaient
ce
que
j’avais…
Maintenant
quand
ils
me
voient
sur
la
route, ils me font des signes de la main en me disant il y a des progrès…
Des
souvenirs,
Bill
Cain
en
a
plein
la
tête,
il
montre
avec
fierté,
la
photocopie
d’un
timbre
de
165
F,
édité
par
la
République
Fédérale
islamique
des
Comores,
édité
à
l’occasion
des
Jeux
Olympiques
de
Los
Angelès
de
1984,
sur
lequel
il
figure
en
compagnie
de
Richard
Dacoury…
C’est
une
grande
fierté
d’avoir
un
timbre
à
mon
effigie,
même Tony Parker n’a pas ça…
Autre
séquence
émotion,
lorsqu’il
montre
une
photo,
sur
laquelle,
tout
jeune
enfant,
il
est
dans
les
bras
de
Mohamed
Ali,
avec
à
ses
côtés
Don
King,
l’organisateur
de
combats
de
boxe…
Cassius
Clay,
on
aime
l’homme
ou
pas,
mais
c’était
un
grand
Monsieur
!
Les
noirs
avaient
le
droit
d’aller
se
faire
tuer
au
Vietnam,
mais
n’avaient
pas
le
droit
d’entrer
dans un restaurant pour blancs…
Une
de
mes
phrases
avait
été
reprise
par
un
journaliste
«
J’ai
envie
de
mourir
en
bonne
santé
»,
elle
est
toujours
vraie…
j’ai
retenu
trois
choses
dans
ma
vie
:
les
impôts,
les
démons
et
la
mort
!
Les
impôts,
tu
peux éviter de les payer, mais les deux autres sont éternels… Et je le pense toujours, je voudrais mourir en bonne santé…
Bill
Cain,
un
personnage
très
attachant,
chaleureux,
dont
les
gens
se
demandent
comment
il
arrive
à
entrer
dans
sa
4
L,
avec
laquelle
il
vient
hélas
d’avoir
un
petit
accident,
qui
aime
la
gastronomie
française,
il
a
eu
la
chance
de
manger
3
fois
chez
les
Frères
Troisgros,
il
aime
les
subtilités
de
la
cuisine
;
il
écoute
France
Culture,
se
tient
au
courant
des
événements
sportifs
;
il
aime
le
terrain
de
sa
maison,
qui
était
un
dépotoir
avant
son
arrivée,
et
qu’il
a
transformé
en
lieu
de
repos,
de
méditation,
en
compagnie
de
son
chien
Loulou,
chien
abandonné,
atypique
lui
aussi,
avec
des
yeux
de
couleur
différente.
C’est
un
fervent
supporter
d’une
équipe
qui
se
bat
sur
le
terrain,
quelle
que
soit
la
division
dans
laquelle
elle
joue,
il
affirme
que
tout
commence
par
les
tout
petits,
le
baby
basket,
le
travail,
l’entraînement…
S’il
dit
qu’il
n’est
pas
entraîneur
dans
l’âme,
on
sent
que
les
démons du basket sont encore bien présents, et peut-être que…
Propos
recueillis
par
Alain
COUTELLE
et
publiés
sur
le
site
avec
l’autorisation
de
la
rédaction
de l’ORNE HEBDO.