Pourquoi et comment le 14 juillet est-il devenu la fête nationale de la France ?
•
Que commémore-t-on ?
En
1788,
les
difficultés
du
royaume
sont
telles
que
Louis
XVI,
sur
le
conseil
de
son
ministre
des
Finances,
Necker,
décide
de
convoquer
les
États
Généraux
(représentants
de
la
noblesse,
du
clergé
et
du
tiers
état)
pour
le
mois
de
mai
1789.
Très
vite
les
deux
ordres
privilégiés
s’opposent
au
tiers
état,
lequel
souhaite
un
vote
par
tête
et
non
un
vote
par
ordre.
Le
17
juin,
les
députés
du
tiers
état,
réunis
dans
la
salle
du
jeu
de
paume
à
Versailles,
jurent
de
ne
pas
se
séparer
avant
d’avoir
donné
une
constitution à la France, devenant ainsi Assemblée Nationale.
Le
dimanche
12
juillet
1789,
la
nouvelle
du
renvoi
du
très
populaire
ministre
Necker
déclenche
un
vent
de
panique
à
Paris. On croit que son départ va être le signal de la dissolution de l’Assemblée, de la disette et de la banqueroute.
Or,
depuis
le
début
du
mois
de
juillet,
Louis
XVI,
craignant
l’agitation
dans
les
provinces
et
à
Paris,
a
fait
venir
30
000
hommes
autour de la capitale.
Dans
l’après-midi
du
12
juillet,
un
certain
Camille
Desmoulins
appelle
à
la
révolte
contre
les
troupes
allemandes
venues,
dit-il,
«
égorger » les Parisiens.
Le
lundi
13
juillet,
la
panique
se
propage
et
le
bruit
se
répand
qu’un
grand
dépôt
de
fusils
est
gardé
aux
Invalides.
Dans
la
nuit
les
émeutiers
s’y
rendent
et
s’engouffrent
dans
la
cour.
Le
mardi
14
juillet,
les
manifestants
s’emparent
ainsi
de
32
000
fusils,
12
canons
et
un
mortier
mais
dépourvus
de
munitions,
conservées
à
la
Bastille.
A
l’entrée
du
Faubourg
Saint
Antoine,
là
où
se
dresse la forteresse aux huit tours qui servait de prison d’Etat, une foule s’est déjà amassée et réclame de quoi faire des balles.
Voulant
éviter
un
bain
de
sang,
le
marquis
Bernard
de
Launay,
gouverneur
de
la
Bastille
capitule.
La
foule
s’engouffre,
pillant
et
détruisant
tout
sur
son
passage.
La
nouvelle
de
la
prise
de
la
Bastille
se
répand
alors
peu
à
peu
dans
Paris.
(Elle
commence
à
être détruite dès le 16 juillet.)
Le
roi
est
alors
informé
des
événements
par
le
duc
de
la
Rochefoucauld
qui
le
supplie
de
reprendre
la
situation
en
main
et
de
se
rendre
dès
le
lendemain
à
l’Assemblée.
Louis
XVI
lui
aurait
alors
demandé
:
«
C’est
une
révolte
»
et
la
Rochefoucauld
de
lui
répondre : « Non, sire, c’est une Révolution ».
Cependant,
notre
fête
nationale
ne
célèbre
pas
seulement
cet
événement.
En
effet,
le
14
juillet
commémore
également
la
fête
de la Fédération qui eut lieu en 1790. Mais de quoi s’agit-il ?
Le
19
novembre
1789,
12
000
gardes
nationaux
du
Vivarais
(actuelle
Ardèche)
et
du
Dauphiné
(actuels
Drôme,
Hautes
Alpes
et
Isère)
s’étaient
fédérés
et
avaient
scellé
leur
union
par
un
serment
d’entraide
et
de
fraternité.
L’idée
séduisit
les
Bretons
qui
proposèrent
une
fédération
étendue
à
toute
la
France.
L’Assemblée
adopta
la
proposition
le
7
juin
1790
et
ce
fut
La
Fayette
qui
prit
en
charge
l’organisation
de
la
fête
qui
eut
lieu
au
Champ-de-Mars.
Celle-ci
devait
être
une
grandiose
manifestation
d’unanimité
autour
des
acquis
révolutionnaires,
d’où
le
choix
du
14
juillet,
premier
anniversaire
de
la
prise
de
la
Bastille.
Mais
il
s’agissait
aussi
de
dissimuler
les
divergences
naissantes
entre
les
nobles
et
les
bourgeois,
le
roi
et
les
députés,
les
modérés
et
les
extrémistes.
Pour
beaucoup
la
Révolution
était
terminée
et
le
moment
était
venu
d’y
mettre
un
terme,
en
proclamant
l’unité
du
pays
autour
du
roi
et
de
la
Constitution.
C’est
ainsi,
donc,
que
le
14
juillet
1790,
devant
300
000
spectateurs,
le
roi
jure
de
respecter la Constitution rédigée par l’Assemblée Nationale. Il prête ainsi serment à la Nation et à la Loi.
Le peuple français apparaît ainsi uni et réconcilié.
Mais pendant 90 ans, le 14 juillet ne sera plus célébré.
•
Le choix du 14 juillet comme fête nationale
En
1879,
les
Républicains
sont
au
pouvoir
mais
l’opposition
monarchiste
et
cléricale
est
encore
forte
et
il
leur
faut
enraciner
la
République
et
offrir
à
la
Nation
des
lieux
(mairie,
école),
des
symboles
(la
Marseillaise
devient
hymne
officiel)
et
des
commémorations
comme
la
fête
nationale.
De
très
nombreuses
dates
sont
proposées
mais
au
final
c’est
le
14
juillet
qui
est
retenu,
date
symbolisant
l’action
du
peuple
qui
obtient
sa
liberté,
en
1789,
en
s’emparant
de
la
Bastille,
symbole
de
l’arbitraire
royal
et
date
rappelant
l’unité
de
la
Nation en 1790.
C’est
ainsi
que
le
6
juillet
1880,
le
14
juillet
est
déclarée
fête
nationale
et
jour
chômé,
pour
en
faire
une
fête
identique
sur
l’ensemble
du
territoire
national,
fête
patriotique
et
civique.
On
décide
également
d’un
défilé
militaire
afin
de
montrer
la
puissance
de
l’armée
française
(il
faut
faire
oublier
la
défaite
contre
les
Prussiens
en
1870)
et
de
festivités
telles
que
défilés
de
fanfares
et
bals
populaires.
Puis
retraites
aux
flambeaux,
feux d’artifice ont complété la commémoration.
Le
14
juillet
1958,
pour
la
première
fois,
les
armes
lourdes
sont
incorporées
au
défilé
militaire.
Dans
un
contexte
de
guerre
froide,
la
France
veut
montrer
ainsi
son
indépendance
et sa puissance militaire face notamment aux Etats-Unis.
Depuis
1980,
les
Champs
Elysées
sont
le
lieu
du
défilé
à
Paris
mais
certaines
années
l’hippodrome
de
Longchamp
(1880),
le
cours
de
Vincennes
(1975),
l’école
militaire
(1977),
Bastille-République
(1974
et1979)
ont
été
choisis
pour
rappeler l’origine révolutionnaire de la fête.
Le
14
juillet
1994,
des
soldats
allemands,
pour
la
première
fois
depuis
la
seconde
guerre
mondiale,
défilent
sur
les
Champs
Elysées,
dans
le
cadre
de
l’Eurocorps.
Depuis
des
soldats
de
nations étrangères sont régulièrement invités.
Et,
138
ans
après
son
instauration,
le
14
juillet
connaît
toujours un réel succès populaire.
M.C.
Première fête nationale du 14 juillet (1880) à Angers.
Lithographie, auteur inconnu, 56x45 cm, 1880
Archives municipales d’Angers